On l’a déjà dit, mais répétons-le encore : il est plus facile pour une entreprise québécoise de faire affaire avec les États-Unis qu’avec une de la province voisine, l’Ontario. Mieux encore, fermez les yeux, savez-vous qu’il est illégal d’acheter de l’alcool à la LCBO (équivalent de la SAQ au Québec), en Ontario et de le rapporter à Gatineau, de l’autre côté de la rivière au Québec ? Ces absurdités commerciales ne sont que la partie émergée d’un problème bien plus profond : le Canada n’a pas de marché unifié.
Nous avons bâti un pays, rapatrié une constitution, adopté une hymne nationale relié le pays d’un bout à l’autre par une ceinture ferroviaire, Mais avons-nous construit un marché véritablement intégré et compétitif ? La confédération canadienne, par ce défaut porte en elle-même les germes de sa propre destruction. La crise commerciale actuelle et les menaces tarifaires de nos voisins américains révèlent cruellement notre dépendance excessive aux États-Unis. Cette vulnérabilité, qui fragilise notre économie et dissuade les investisseurs, est une alerte que nous ne pouvons plus ignorer.
Merci, Donald Trump, pour ce wake-up call. L’heure est venue d’agir.
Le Canada à la croisée des chemins
Même si les menaces tarifaires américaines venaient à disparaître demain, leur impact sur la perception du risque des investisseurs et des entreprises canadiennes restera durable. Nous avons longtemps misé sur la facilité, en privilégiant un commerce quasi-exclusif avec notre voisin du Sud. Aujourd’hui, cette stratégie nous place dans une situation précaire. Il est temps d’évoluer et d’adopter une approche plus ambitieuse et audacieuse.
Nous devons, dans les plus brefs délais, faire tomber les barrières interprovinciales et renforcer le commerce entre nous. Le Canada, c’est d’abord et avant tout un marché de plus de 40 millions de consommateurs, avant d’être une opportunité pour les Américains. Le Canada, c’est des entreprises de Vancouver, de l’Alberta et du Québec qui pourraient prospérer ensemble avec celle du l’Ontario, du nouveau Brunswick et de l’île du prince Édouard avant de dépendre d’un seul et unique partenaire commercial.
Nous devons également accélérer notre ouverture vers de nouveaux horizons. L’avenir du commerce canadien repose sur la diversification. Il est impératif d’explorer de nouveaux marchés en Europe, en Asie et en Afrique. Il ne s’agit pas seulement d’une nécessité économique, mais d’une question de souveraineté et de résilience.
L’Afrique : un continent oublié par la stratégie canadienne
Prenons l’exemple de l’Afrique. Avec 1,4 milliard d’habitants, 30 millions de KM carré, une urbanisation galopante et des économies en pleine transformation, ce continent représente une opportunité exceptionnelle. 1.4 milliards d’individus à nourrir, à vêtir, à soigner… 30 Millions de km carrés à construire, à équiper, à connecter … Un marché énorme pour l’industrie agroalimentaire, de la santé, des infrastructures, des technologies etc… Pourtant, malgré tout ça, le Canada est le seul pays du G7 à ne pas avoir de stratégie commerciale claire envers l’Afrique. Malgré un capital sympathique largement au dessus de ses collègues du G7.
Le réseau diplomatique canadien sur le continent a été considérablement réduit au fil des ans. Nos entreprises, souvent frileuses, hésitent à s’aventurer dans cette région pourtant riche en potentiel. Pendant ce temps, d’autres nations, comme la Chine, la France et les États-Unis, la Turquie, la Russie et même l’Italie y renforcent leur présence et y consolident des partenariats économiques durables.
Loin d’être une contrainte, l’Afrique pourrait permettre aux PMEs canadiennes de croître plus rapidement qu’elles ne le feraient sur des marchés saturés. Mais pour cela, il faut un leadership fort, un accompagnement structuré et une réelle volonté politique affirmée.
Diversifier ou subir
Il est temps de redessiner la carte du commerce canadien, d’élargir les frontières du succès pour nos entreprises et de bâtir un avenir où le Canada n’est plus un marché captif, mais un acteur international dynamique et influent.
Le Canada a le choix : diversifier ses exportations ou continuer à subir les aléas des politiques américaines.
Nous devons investir massivement dans l’accompagnement des entreprises canadiennes vers de nouveaux marchés, sensibiliser les acteurs économiques aux opportunités qui existent ailleurs et briser les monopoles commerciaux qui freinent notre expansion.
Si ailleurs diversifier, c’est prospérer. Pour le Canada, C’est diversifier ou Subir, pour des siècles et des siècles…